Wole Soyinka, écrivain nigérian et prix Nobel de littérature, ne pourra plus entrer aux États-Unis. À 91 ans, il vient d’apprendre que son visa américain a été annulé. L’ambassade des États-Unis à Lagos ne lui a donné aucune raison précise. Cette décision choque. Elle soulève des questions sur la liberté d’expression et les relations diplomatiques entre l’Afrique et l’Amérique.
Un visa révoqué sans explication claire
Le 23 octobre 2025, le consulat américain à Lagos envoie une lettre à Wole Soyinka. Il lui demande de rendre son passeport pour retirer physiquement son visa. Le document évoque simplement des « informations supplémentaires » découvertes après l’émission du visa. Rien de plus.
L’écrivain réagit avec calme, mais sans cacher sa colère. Il déclare : « Je n’ai plus de visa, je suis manifestement banni des États-Unis ». Il affirme aussi qu’il ne fera aucune nouvelle demande. Pour lui, cette décision est définitive.
Cette annulation intervient dans un contexte tendu. Depuis juillet, les États-Unis ont réduit la validité des visas pour les Nigérians. Les visas qui duraient cinq ans sont maintenant limités à une seule entrée valable trois mois. Cette politique plus stricte touche de nombreuses personnes.
Des critiques contre Trump dans le viseur ?
Depuis plusieurs années, Wole Soyinka critique ouvertement Donald Trump. Il l’a même comparé à un dictateur africain. En 2017, il a brûlé sa carte verte pour protester contre l’élection de Trump. Aujourd’hui, il pense que cette décision de l’ambassade américaine est une forme de représailles.
Le département d’État américain refuse de commenter le cas. Il rappelle seulement qu’un visa est un privilège, pas un droit. Mais l’écrivain, lui, voit un message clair. Il invite les institutions américaines à ne plus l’inviter.
Cette affaire dépasse le cas individuel. Elle soulève une question importante. Peut-on encore s’exprimer librement sans risquer de sanctions ? Et surtout, pourquoi une grande voix africaine dérange-t-elle autant ?
Une exclusion lourde de sens
En annulant ce visa, les États-Unis ne sanctionnent pas seulement un écrivain. Ils ferment la porte à une figure majeure du dialogue entre l’Afrique et l’Occident. Soyinka ne demande pas à revenir. Mais son éviction reste un symbole fort. Elle montre que même un prix Nobel n’est pas à l’abri de mesures arbitraires.
Cette affaire ne passera pas inaperçue. Elle marquera sans doute un tournant. Car bannir la parole d’un intellectuel, c’est aussi choisir ce que l’on veut entendre ou pas.


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