Le parcours d’Aoua Keïta, première sage-femme d’Afrique noire

Le combat pour la libération d’un peuple opprimé n’a pas été uniquement celui des hommes. Certaines femmes ont brillamment excellé dans cette lutte. Connaissez-vous Aoua Keïta, cette brave femme politique malienne ?

De son enfance à sa profession

Aoua Keïta est née le 12 juillet 1912 à Bamako et est morte le 7 mai 1980, dans la même ville. Son père était un ancien combattant de l’armée française qui a été redirigé ensuite dans l’administration coloniale. En 1923, alors que l’administration avait du mal des avoir des élèves pour l’école de filles locale, elle fut inscrite par son père.

Elle poursuivit ses études à l’École africaine de médecine et de pharmacie de Dakar. En 1931, elle obtint un diplôme de sage-femme. Elle devient ainsi, la première femme d’Afrique noire à détenir ce diplôme.

La jeune professionnelle de santé a servi dans plusieurs localités. Il s’agit de Gao, Tougan, Kayes, Niono, Kokry, Markala et Nara. En 1935, Aoua Keïta se maria à un médecin auxiliaire, Daouda Diawara qu’elle a rencontré lors de ses études à Dakar. Après 14 ans de vie commune, le couple n’a pas pu avoir un enfant. Sous pression familiale, les deux se sont séparés en 1949.

Elle épouse plus tard, Djimé Diallo, expert de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à l’École normale supérieure au Congo Brazzaville.

Une militante politique de taille

Outre sa brillante carrière de sage-femme, Aoua Keïta a été également une femme politique, syndicaliste et combattante pour l’indépendance du Soudan français, alors colonie française érigée sur le territoire de l’actuel Mali.

Alors que le pays se prépare pour les élections législatives de 1951, l’administration coloniale a muté tous les fonctionnaires militants de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). Les colons soutenaient le camp adverse, le Parti de la solidarité et du progrès (PSP) et voulait déstabiliser l’US-RDA.

Aoua Keïta, après avoir renoncé à la nationalité française, a joué alors un rôle important dans la victoire du parti à ces élections. l’US-RDA est devenu majoritaire face à son rival PSP. Mutée à la maternité de Kati, près de Bamako, elle a fondé le Mouvement intersyndical féminin, pour défendre les droits des femmes. En 1957, elle représente le mouvement au congrès constitutif de l’Union générale des travailleurs de l’Afrique noire.

Le militantisme de Aoua Keïta lui a valu son élection en 1959, en tant que députée de la Fédération du Mali à Sikasso. Elle devient la première femme malienne à être élue à ce poste. En juillet 1959, elle a représenté le Mali à la rencontre constitutive de l’Union des femmes de l’Afrique de l’Ouest, à Bamako. Cet exploit lui a permis de participer à l’élaboration de la constitution de la fédération. En 1962, elle fut la seule femme à prendre part à l’élaboration du code malien du mariage et de la tutelle.

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