Ils sont venus de 22 pays pour écrire une nouvelle page d’histoire. Réunis à Ouagadougou lors du Carrefour africain Thomas Sankara, de jeunes panafricanistes ont remis au président burkinabè un manifeste fondateur. Leur ambition est de porter un projet d’unité, de souveraineté et d’émancipation politique pour le continent. Inspiré des figures révolutionnaires comme Thomas Sankara ou Patrice Lumumba, ce texte trace les contours d’un panafricanisme de rupture, engagé et intransigeant.
Une déclaration panafricaniste portée par la jeunesse
Le Carrefour africain Thomas Sankara (RICA‑TS), tenu à Ouagadougou, a rassemblé une délégation représentative de la jeunesse africaine. Issus de 22 pays, les participants ont uni leurs voix pour présenter un manifeste visionnaire au président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré. Ce document, intitulé « Manifeste de la Jeunesse Africaine pour un Nouveau Panafricanisme », se veut un cadre de référence pour une Afrique affranchie de toutes formes de domination.
Cette initiative réactive les héritages politiques de figures emblématiques telles que Kwame Nkrumah, Amílcar Cabral, Patrice Lumumba, Cheikh Anta Diop et bien sûr Thomas Sankara. Elle s’inscrit dans une dynamique de réappropriation de l’histoire africaine, en rupture avec les représentations forgées par l’ordre néocolonial.
Le président Traoré a réagi sans détour : « Dans l’ordre mondial aujourd’hui, il n’y a que deux camps et chacun devra choisir. Ceux qui prétendent être neutres, soit ils n’ont absolument rien compris, soit ils ont le cerveau éteint. » Cette déclaration place le manifeste dans un contexte de confrontation idéologique globale, où la jeunesse africaine est appelée à se positionner sans ambiguïté.
Une vision politique, éducative et souverainiste
Le manifeste récuse toute tentative d’instrumentalisation du panafricanisme par des intérêts contraires à l’émancipation réelle des peuples africains. Il affirme que l’unité du continent ne peut se réduire à un discours creux, vidé de son potentiel révolutionnaire.
L’un des piliers de cette vision est la refondation des institutions africaines, appelées à se détacher des modèles imposés pour mieux répondre aux aspirations des sociétés locales. L’éducation occupe également une place centrale, avec l’appel à construire une pédagogie panafricaine, ancrée dans les réalités historiques, culturelles et sociales du continent.
L’exigence de souveraineté s’étend à l’économie, à la culture, à la science et à la sécurité. Le manifeste appelle à la mise en œuvre de politiques concrètes permettant une véritable indépendance des États africains, libérés de la dette coloniale, des accords asymétriques et des dépendances structurelles. Il propose ainsi de repenser les alliances stratégiques, non plus sous l’influence de puissances extérieures, mais au service d’une stratégie continentale cohérente.
Ce texte appelle enfin à l’unité transgénérationnelle, en misant sur une synergie entre la mémoire des luttes passées et les énergies nouvelles portées par la jeunesse. Il invite à explorer les bases d’un projet panafricain renouvelé, fondé sur la solidarité révolutionnaire, la justice sociale et la participation populaire.


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